Tronçonneuse : SP95, SP98 ou E10 ? Choisir la bonne essence et protéger votre moteur
Vous vous trouvez devant la pompe à essence, bidon à la main, face à plusieurs options de carburant. Laquelle convient réellement à votre tronçonneuse ? Ce choix n’est pas anodin : le carburant influence directement les performances de votre machine, sa longévité et sa fiabilité au démarrage. Entre les différentes appellations comme SP95, SP98 ou SP95-E10, vous méritez une réponse précise pour protéger votre investissement et travailler en toute sérénité.
Pour répondre directement à votre interrogation : le SP95 constitue le carburant recommandé pour un usage standard de votre tronçonneuse. Le SP98 offre une protection renforcée contre l’auto-inflammation, particulièrement appréciable lors d’utilisations intensives ou professionnelles. Quant au SP95-E10, il reste compatible avec les modèles récents, à condition de respecter une durée de conservation maximale d’un mois pour le mélange préparé. Tous ces carburants répondent à l’exigence technique fondamentale : un indice d’octane minimum de 90 RON, nécessaire au bon fonctionnement des moteurs deux temps.
Les trois types d’essence disponibles pour votre tronçonneuse
Le SP95 représente l’essence sans plomb standard avec un indice d’octane de 95 RON, contenant jusqu’à 5% d’éthanol dans sa version classique. Cette caractéristique en fait un choix équilibré entre performance et préservation des composants mécaniques. Sa disponibilité universelle dans toutes les stations-service vous garantit un approvisionnement sans contrainte, quelle que soit votre localisation géographique.
Le SP98 se distingue par son indice d’octane de 98 RON, offrant une résistance supérieure à l’auto-inflammation du carburant. Cette propriété limite les risques de cliquetis moteur lors de sollicitations importantes ou par températures élevées. Sa teneur réduite en éthanol, voire nulle selon les distributeurs, préserve davantage les joints et durites de votre machine. Le SP95-E10 contient quant à lui jusqu’à 10% d’éthanol, ce qui modifie ses propriétés de conservation et son comportement chimique face à l’humidité ambiante.
| Type d’essence | Taux d’éthanol | Indice d’octane | Compatibilité | Prix moyen |
|---|---|---|---|---|
| SP95 | Jusqu’à 5% | 95 RON | Toutes tronçonneuses | 1,75 € – 1,85 €/L |
| SP98 | 0 à 5% | 98 RON | Toutes tronçonneuses | 1,85 € – 1,95 €/L |
| SP95-E10 | Jusqu’à 10% | 95 RON | Modèles récents uniquement | 1,70 € – 1,80 €/L |
SP95-E10 et éthanol : avantages et précautions d’usage
Les constructeurs majeurs comme Stihl, Husqvarna ou Oleomac ont validé la compatibilité du SP95-E10 avec leurs gammes récentes de tronçonneuses. Cette essence biosourcée présente un avantage environnemental indéniable, puisque l’éthanol provient de matières végétales renouvelables. Son coût légèrement inférieur au SP95 classique séduit naturellement les utilisateurs réguliers cherchant à optimiser leurs dépenses. Toutefois, l’éthanol possède une hygroscopie marquée, c’est-à-dire qu’il absorbe facilement l’humidité atmosphérique, modifiant progressivement la composition du mélange.
Cette particularité chimique engendre des contraintes spécifiques lors de l’utilisation du E10. Les joints en caoutchouc naturel et certaines durites des machines anciennes peuvent se détériorer au contact prolongé de l’éthanol concentré. La durée de conservation maximale d’un mélange essence-huile préparé avec du E10 ne dépasse pas trente jours, contre trois mois pour un mélange au SP95 traditionnel. Au-delà de cette période, l’éthanol se dissocie du reste du carburant et forme un dépôt aqueux au fond du bidon, rendant le mélange inutilisable même après agitation vigoureuse.
Nous recommandons d’appliquer rigoureusement ces bonnes pratiques lors de l’utilisation du SP95-E10 pour préserver votre équipement :
- Consommez votre mélange dans un délai maximum de trente jours après sa préparation
- Stockez votre carburant dans un bidon homologué, hermétique et opaque pour limiter l’exposition à l’humidité et à la lumière
- Évitez ce carburant sur les tronçonneuses fabriquées avant 2010, dont les joints et durites ne sont pas conçus pour résister à un taux d’éthanol élevé
- Inscrivez systématiquement la date de préparation sur votre bidon pour suivre la durée de stockage
- Privilégiez des quantités limitées correspondant à vos besoins réels sur le mois à venir
Quel carburant choisir selon votre utilisation
Votre profil d’utilisation détermine le carburant optimal pour votre machine. Si vous utilisez votre tronçonneuse occasionnellement, pour quelques heures de coupe par mois lors de l’entretien de votre jardin, le SP95 représente le meilleur compromis entre économie et performances. Son indice d’octane de 95 RON dépasse confortablement le minimum requis de 90 RON, garantissant une combustion efficace sans surcoût inutile. Pour les professionnels forestiers ou les utilisateurs intensifs cumulant plusieurs heures quotidiennes de travail, le SP98 justifie son prix supérieur par sa meilleure résistance thermique et sa protection accrue du moteur lors de sollicitations prolongées.
L’âge de votre équipement influence également ce choix : les modèles récents tolèrent parfaitement le SP95-E10, tandis que les machines de plus de quinze ans nécessitent impérativement du SP95 ou du SP98 pour éviter la dégradation prématurée des composants en contact avec le carburant. Votre budget disponible entre naturellement en ligne de compte, sachant qu’un écart de 10 centimes par litre entre SP95 et SP98 représente environ 50 centimes supplémentaires pour un bidon de 5 litres.
Une troisième voie mérite votre attention : les carburants alkylés prémélangés comme le Stihl MotoMix ou l’Aspen. Ces produits premium combinent une essence sans éthanol avec l’huile deux temps dans les proportions exactes, éliminant tout risque d’erreur de dosage. Leur formulation spécifique autorise une conservation jusqu’à cinq ans sans dégradation des propriétés chimiques. Cette longévité exceptionnelle séduit particulièrement les utilisateurs occasionnels dont la tronçonneuse reste inactive plusieurs mois consécutifs. Le surcoût substantiel, environ 15 à 20 euros le litre, se compense par l’absence de mélange à préparer, la propreté accrue de combustion et l’élimination des pannes liées à un carburant périmé.
Conservation et erreurs à éviter
La durée de vie d’un mélange essence-huile varie considérablement selon le carburant de base utilisé. Un mélange préparé avec du SP95 ou SP98 classique conserve ses propriétés pendant trois mois maximum dans un bidon hermétique, à l’abri de la lumière et des variations thermiques importantes. Cette période tombe à trente jours avec du SP95-E10 en raison de l’instabilité chimique de l’éthanol. Au-delà de ces délais, plusieurs phénomènes dégradent irrémédiablement votre préparation : séparation progressive des composants essence-huile, formation de gommes et résines collantes, oxydation du carburant exposé à l’air résiduel du bidon.
Les conséquences d’un carburant dégradé sur votre tronçonneuse s’avèrent rapidement coûteuses. Les résidus résineux obstruent les canalisations fines du carburateur, bouchent le filtre à carburant et encrassent la bougie d’allumage. La combustion incomplète génère des dépôts charbonneux sur le piston et dans la chambre de combustion, réduisant progressivement la compression moteur. Dans les cas extrêmes, le grippage du piston nécessite une réparation majeure dépassant souvent le coût d’une machine neuve d’entrée de gamme.
Plusieurs erreurs reviennent fréquemment chez les utilisateurs, compromettant la fiabilité et la durée de vie de leur équipement :
- Confondre gasoil et essence sans plomb : le gazole détruit instantanément un moteur deux temps par absence totale de lubrification
- Utiliser de l’huile moteur quatre temps au lieu d’huile spécifique deux temps : la formulation inadaptée encrasse rapidement le moteur
- Ne pas respecter le ratio de mélange 1:50 recommandé par les constructeurs, que ce soit par excès ou défaut d’huile
- Conserver du carburant de la saison précédente sans vérifier sa date de préparation
- Démarrer la machine avec un mélange suspect sans avoir purgé l’ancien carburant du réservoir et des durites
Nous vous conseillons vivement d’adopter ces réflexes d’entretien simples : notez la date de préparation au marqueur indélébile sur chaque bidon que vous remplissez. Préparez uniquement la quantité nécessaire à vos travaux prévus sur le mois suivant, en tenant compte d’une consommation moyenne de 400 à 600 ml par heure de fonctionnement selon la puissance de votre modèle. Avant un remisage prolongé dépassant deux mois, vidangez complètement le réservoir et faites tourner le moteur jusqu’à l’arrêt spontané pour évacuer le carburant du carburateur. Cette précaution simple prévient la formation de gommes durant l’inactivité et garantit un redémarrage sans difficulté lors de la prochaine utilisation.





